Manuel de sécurité routière
Un manuel pour les praticiens et les décideurs
pour la mise en œuvre d’une infrastructure sûre

Vous êtes ici

2.2 La sécurité routière comme priorité de développement

Sécurité routière et objectifs de développement international

En matière de développement international, la sécurité routière est liée à la vision plus générale de développement durable, de réduction de la pauvreté et d’efforts pour atteindre les Objectifs de Développement du Millénium (ODM). Antérieurement, le développement international se concentrait sur le revenu et la dépense. Les approches actuelles promeuvent une élévation du niveau de vie pour tous, avec une attention particulière à l’amélioration de la santé, de l’éducation et de la capacité des personnes à participer à l’économie et à la société. Le développement cherche à favoriser un climat d’investissement qui puisse encourager l’augmentation de la croissance, de la productivité et de l’emploi, ainsi qu’à donner le pouvoir et à investir dans les personnes afin qu’elles soient incluses dans le processus (Stern et al, 2005 ; Bliss, 2011a). Bien qu’il n’existe pas d’Objectif de Développement du Millénium spécifique à la prévention des décès et blessures graves sur la route en 2015, les priorités de sécurité routière sont alignées avec d’autres ODM concernant un environnement durable, la santé publique et la réduction de la pauvreté. Il est prévu que l’agenda de développement post-2015 comprenne l’objectif formellement adopté de diminuer de moitié les décès par accident de la route d’ici à 2020 (Groupe de Travail ouvert sur les Objectifs de Développement du Millénium, Nations Unies, 2014).

Initiatives conduisant à la Décennie d’Action des Nations-Unies

En préparation de la Décennie d’Action pour la Sécurité routière (2011-2020) et à son démarrage, il y a eu un accord sans précédent de la part des organisations internationales chefs de file et des experts en sécurité routière sur la manière d’aborder la crise émergente dans ce domaine dans les PRFI, sur l’ampleur de l’action nécessaire pour traiter cette crise, et sur les facteurs critiques pour une mise en œuvre réussie (Bliss et Breen, 2012 ; OMS, 2013).

Un élément clé a été la publication du Rapport mondial sur la Prévention des Traumatismes dus aux Accidents de la Route (voir Encadré 2.1), publié conjointement par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et la Banque mondiale, à l’occasion de la Journée mondiale de la Santé en 2004 (Peden et al, 2004). Le Rapport mondial met en lumière le fardeau croissant pour la santé publique et des prévisions de décès et de blessures à long terme dus aux accidents de circulation, et exhorte à la prise de mesures urgentes pour considérer le problème comme une priorité mondiale de développement et de santé publique. Ses conclusions et ses recommandations pour une intervention nationale, régionale et mondiale ont été approuvées dans des résolutions successives de l’Assemblée générale des Nations-Unies et de l’Assemblée de l’Organisation mondiale de la Santé (ONU 2004-2010).

Encadré 2.1 : Recommandations du Rapport mondial sur la Prévention des Traumatismes dus aux Accidents de la Circulation

  1. Identifier une agence chef de file au sein de l’administration pour guider l’effort national en matière de sécurité routière.
  2. Évaluer le problème, les politiques et les environnements institutionnels concernant les blessures dues aux accidents de la circulation et la capacité de prévention des blessures sur la route dans chaque pays.
  3. Préparer une stratégie et un plan d’action nationaux pour la sécurité routière.
  4. Affecter des ressources humaines et financières pour aborder le problème.
  5. Mettre en œuvre des actions spécifiques pour prévenir les accidents de la route, minimiser les blessures et leurs conséquences/et évaluer l’impact de ces actions.
  6. Soutenir le développement de la capacité nationale et de la coopération internationale.

Source: Peden et al. (2004).

 

Cette initiative a été suivie par la création du Fonds mondial pour la Sécurité routière (FMSR) de la Banque mondiale, qui a soutenu l’élaboration de nouvelles recommandations pour la gestion de la sécurité routière afin d’assister les pays dans la mise en œuvre des recommandations du Rapport mondial. Le FMSR a financé des audits de la capacité de gestion de la sécurité routière et l’établissement de réseaux internationaux professionnels en la matière. Il a aussi conclu un protocole d’accord avec l’iRAP et d’autres réseaux internationaux tels que la Fédération routière internationale (IRF), la base internationale de données sur la circulation et les accidents de la route (IRTAD), et l’Organisation internationale de la Police routière (RoadPOL). D’autres recommandations ont été produites sous les auspices de la Collaboration des Nations-Unies pour la Sécurité routière (CNUSR), nouvellement créée à la demande d’une résolution de l’Assemblée générale des Nations-Unies en 2004 (A/Res/58/289). Le Programme international d’Évaluation des Routes (iRAP) a été lancé pour fournir un outil d’évaluation de la sécurité des réseaux pour les PRFIs. Le rapport de l’OCDE Towards Zero (Vers Zéro) a unifié et consolidé le concept de Système sûr et une nouvelle pensée des approches de gestion de la sécurité routière (OCDE 2008). La très visible campagne Make Road Safe (Rendre les Routes sûres) et ses rapports lancés par la Commission pour la Sécurité routière dans le Monde (2006, 2008, 2011) ont capté l’attention des médias dans le monde. Vers la fin de la décennie, la toute première Conférence ministérielle mondiale sur la Sécurité routière s’est tenue à Moscou, et a obtenu l’acceptation formelle au plus haut niveau du besoin d’action mondiale. Dans une série de déclarations, les banques multilatérales de développement (MDB) (menées par la Banque mondiale) ont promis une réponse coordonnée pour augmenter l’investissement en capacité de gestion de la sécurité routière, et pour que la sécurité routière trouve sa place dans les projets principaux d’infrastructure (MDB, 2009, 2011, 2012).

 

Références

No reference sources found.