Manuel de sécurité routière
Un manuel pour les praticiens et les décideurs
pour la mise en œuvre d’une infrastructure sûre
Les initiatives mentionnées ci-dessus ont amené l’adoption à l’unanimité d’une résolution par l’Assemblée générale des Nations-Unies en 2010, qui annonçait la Décennie d’Action pour la Sécurité routière 2011-2020, laquelle a été suivie par le lancement du Plan mondial produit par la Collaboration des Nations-Unies en 2011 (ONU, 2010a ; CNUSR, 2011a).
Un objectif ambitieux a été fixé de stabiliser et ensuite de réduire les décès par accident de la route d’ici à 2020 (OMS, 2013). S’il est atteint, ce sont 5 millions de vies (Graphique 2.1) et 50 millions de blessures graves qui seront épargnées, soit au total un bénéfice de plus de 3 billions (1012) de USD (Guria, 2009).
Le Plan mondial a été développé pour assister les gouvernements et autres parties prenantes nationales dans le développement de leurs activités nationales et locales en matière de sécurité routière, tout en offrant un cadre pour coordonner ces activités aux niveaux régional et mondial. Le Plan mondial adopte l’approche du Système Sûr et suggère que les pays travaillent sur la base des cinq piliers d’action, qui sont résumés dans l’Encadré 2.2. La Résolution de l’Assemblée générale des Nations unies appelait à un suivi régulier du progrès mondial ainsi qu’une augmentation de 50% du pourcentage de pays possédant une législation en matière de sécurité routière couvrant les facteurs critiques de risque d’ici à 2020. Les résultats nationaux de la sécurité routière sont suivis, et deux rapports de situation périodique ont été produits à ce jour (OMS, 2009, 2013). Un examen à mi-parcours et un examen final seront présentés par l’Organisation mondiale de la Santé aux Conférences ministérielles mondiales en 2015 et en 2020.
Pilier 1 : Gestion de la sécurité routière
Ce pilier met en lumière la nécessité de désigner une agence chef de file nationale pour développer et diriger la réalisation d’actions ciblées de sécurité routière, fournir la capacité à cette fin ainsi qu’une coordination multisectorielle. Ceci est fondé sur le recueil de données et la recherche de preuves permettant d’évaluer la conception de contremesures et d’en suivre la mise en œuvre et l’efficacité (voir Chapitre 3).
Pilier 2 : Sécurité des routes et mobilité
Le but de ce pilier est d’augmenter la sécurité inhérente aux réseaux routiers et la protection qu’ils apportent à tous les usagers, en particulier les plus vulnérables (par exemple, piétons, cyclistes et motocyclistes). Ceci s’obtiendra au moyen de la mise en œuvre d’une évaluation de l’infrastructure routière et d’une planification, conception, construction et exploitation routières plus conscientes de la sécurité (voir la 2ème partie de ce Manuel).
Pilier 3 : Sécurité des véhicules
Ce pilier encourage le déploiement de technologies améliorées de sécurité des véhicules, tant active que passive, au moyen de la combinaison de normes mondiales harmonisées pertinentes, de schémas d’information du consommateur, et d’encouragements à l’accélération du déploiement de nouvelles technologies.
Pilier 4 : Comportement des usagers de la route
L’objectif de ce pilier est d’encourager le développement de programmes exhaustifs d’amélioration du comportement des usagers de la route et l’application soutenue ou renforcée des lois et des normes, en combinaison avec la conscientisation/éducation du public pour augmenter le port de la ceinture de sécurité et du casque, réduire l’alcool au volant, la vitesse, et autres facteurs de risque.
Pilier 5 : Soins après l'accident
Ce pilier vise une réponse améliorée aux cas d’urgences post-accident et à l’augmentation de la capacité des systèmes de santé et autres à fournir aux victimes d’accident des traitements d’urgence et une réhabilitation à plus long terme appropriés.
Source: CNUSR, (2011a).
L’expérience avec les objectifs régionaux indique que ceux-ci peuvent jouer un rôle important dans la sécurité routière et amener l’attention sur les interventions nationales et régionales (CETS, 2011). De plus en plus, avec l’encouragement des Commissions régionales des Nations-Unies, de l’Union européenne et d’autres organisations de sécurité routière, des objectifs ambitieux sont établis, au niveau régional ainsi que national (Encadré 2.3 et 2.4 ; ONU 2010b ; CNUSR, 2011b).
Région Asie et Pacifique :
Les ministres des Transports de la région ont adopté en 2006 un objectif quantifié visant à réduire les décès de 600.000 d’ici à 2015.
Union européenne :
La Commission européenne a établi des objectifs régionaux selon lesquels, d’ici à 2050, l’UE devrait se trouver près de zéro décès dus au transport routier, avec une réduction de la moitié de ces décès dans l’intervalle d’ici 2020. Bien que paraissant très ambitieux, ces objectifs sont des déclarations très importantes de la priorité qui doit être attachée à la sécurité routière si les pays de l’UE doivent continuer à être leader de la sécurité routière dans le monde, ce qui est l’aspiration de toutes les institutions de l’UE.
Sources: CESAP, (2007); CE, (2011a, 2011b).
La deuxième conférence africaine sur la sécurité routière s’est tenue en 2011 et a été organisée par la Commission économique des Nations-Unies pour l’Afrique, le Programme pour la Politique des Transports en Afrique Subsaharienne (SSATP), et le gouvernement d’Éthiopie en collaboration avec la Fédération routière internationale (IRF), la Commission de l’Union africaine (CUA), la Banque africaine de Développement (BAD) et la Banque mondiale. Les objectifs de la conférence étaient (i) d’examiner et valider le plan d’action de sécurité routière en Afrique, afin qu’il serve de document de référence pour la mise en œuvre de la Décennie d’Action, (ii) de proposer et valider une stratégie de mobilisation de ressources et un mécanisme de suivi, et (iii) apprendre des bonnes pratiques et partager les expériences.
La Commission économique des Nations-Unies pour l’Afrique (CENUA) a demandé que le SSATP rédige le Cadre politique de Sécurité routière pour soutenir le Plan d’Action de Sécurité routière en Afrique, ce qui a été approuvé par les ministres des Transports et examiné par les chefs d’État en janvier 2012. Le plan est organisé selon les cinq piliers du Plan mondial et vise à réduire de moitié les décès prévus d’ici à 2020. Ceci implique de stabiliser le nombre de décès à 320.000 et ensuite de le réduire à 270.000. Si cette cible est atteinte, plus de 1 million de morts et 10 millions de blessures graves seront évités, représentant un bénéfice social d’environ 340 milliards (109) d’USD.
Source : Union africaine (2011).
Un élément essentiel du Plan mondial est l’encouragement au développement d’objectifs et plans nationaux. L’établissement d’objectifs cibles au niveau national est un succès international. Établir des objectifs quantitatifs difficiles mais réalisables tendant vers l’objectif du Système Sûr afin d’éliminer les décès et les blessures à long terme a été identifié comme une meilleure pratique internationale (OCDE, 2008). Les objectifs quantitatifs, lorsqu’ils sont soutenus par une organisation institutionnelle appropriée, peuvent conduire à de meilleurs programmes, à une utilisation plus efficace des ressources publiques, et à une amélioration des résultats de sécurité routière (Alisop et al, 2011). Jusqu’à ce qu’une capacité de gestion et des données de résultats suffisants soient disponibles dans les PRFI pour fixer des objectifs nationaux, il est conseillé aux pays d’adopter l’objectif de réduction à long terme du Système sûr dans des corridors et des zones spécifiques en utilisant les données d’enquêtes sur la qualité de la sécurité de l’infrastructure (par exemple, les programmes d’évaluation routière) et en visant les comportements de sécurité (par exemple, vitesse, port de la ceinture de sécurité ou du casque, alcool au volant). Le chapitre 6 présente un examen complet et des recommandations détaillées pour l’établissement d’objectifs nationaux et le développement de stratégies, plans et projets ciblés.