5.7 INTÉGRATION DES DONNÉES
L'intégration des données sur la sécurité offre de nombreux avantages, notamment :
- Gestion efficace de la sécurité (par exemple, mise en relation des données intermédiaires et finales ; voir la Section 5.2 - Identification des données requises).
- Identifier les types et les localisations de risque d'accident de manière plus complète (par exemple, en combinant des approches réactives et proactives, en effectuant des analyses comparatives, en améliorant l'information sur les blessures et en acquérant une meilleure connaissance des facteurs contributifs des accidents ; voir le Chapitre 10 - Évaluation des risques potentiels et identification des problèmes).
- Une meilleure connaissance pour identifier des solutions rentables (par exemple grâce à une meilleure connaissance des infrastructures existantes ; voir le Chapitre 11 - Sélection et priorisation des interventions).
En outre, les données associées peuvent être utilisées pour valider d'autres sources d'information. Par exemple, les systèmes de bases de données sur les accidents peuvent soit extraire des informations directement des données sur les actifs pour fournir des informations supplémentaires sur les éléments de la route, soit utiliser ce lien pour réduire le risque d'erreurs de saisie des données en validant la présence de différentes caractéristiques ou actifs routiers. Ils peuvent également être utilisés pour des recherches sur des sujets spécifiques.
Les principaux liens comprennent la combinaison des données sur les accidents avec :
- Les données sur le trafic.
- Les données sur l'inventaire routier.
- Les immatriculations de véhicules.
- Les données sur les contrôles des véhicules.
- Les statistiques démographiques.
Le processus de mise en relation comporte plusieurs étapes et peut être temporaire (par exemple pour un projet ou un besoin politique spécifique) ou permanent (par exemple pour une analyse et une surveillance continues). Les données doivent être collectées dans un format qui facilite la mise en relation. Cela implique généralement la fourniture d'un élément de données commun, de préférence les coordonnées spatiales pour les éléments routiers (y compris les accidents), tandis que pour les données non spatiales, un autre identifiant unique sera nécessaire pour que les ensembles de données puissent être reliés. Un système complet d'information sur la sécurité peut comporter un grand nombre de fichiers.
Une fois les données mises en relation, elles peuvent être analysées en fusionnant les fichiers de données. Pour les données spatiales, un logiciel SIG peut être d'une grande aide dans cette tâche et est particulièrement utile pour cartographier des informations provenant de différentes sources.
Une fois l'investissement initial dans la collecte des données effectué, il peut être relativement peu coûteux de regrouper différentes sources d'information pour répondre à divers besoins, surtout si un identifiant unique a été utilisé dans chaque ensemble de données. Dans d'autres circonstances, notamment lorsque les données ne sont pas dans un format compatible, la tâche peut être assez importante et nécessiter un investissement considérable.
L'un des liens les plus fréquemment utilisés est le calcul des taux d'accidents pour permettre l'analyse comparative ou l'identification des localisations à haut risque. Par exemple, les données sur les accidents peuvent être combinées avec les chiffres démographiques, les volumes de trafic ou les immatriculations de véhicules pour fournir une comparaison utile des risques. Idéalement, chacun de ces éléments serait présenté sous forme de taux d'accidents mortels et avec blessures graves. Chacune de ces mesures est utile à des fins différentes, comme indiqué ci-dessous :
- Accidents par 100 000 habitants. Cette mesure reflète l'impact direct des accidents de la route sur un pays, une région ou une communauté. Elle fournit une base utile pour comparer les résultats en matière de sécurité routière avec d'autres types de risques (par exemple, le risque de décès par maladie cardiaque). Elle peut également être utilisée pour identifier les risques pour différents sous-ensembles de la communauté (par exemple, le risque par âge, sexe, lieu). Il s'agit de l'une des comparaisons les plus couramment utilisées en matière de sécurité routière, notamment parce qu'il est facile de collecter les données pertinentes pour effectuer ce calcul.
- Nombre d'accidents par kilomètre parcouru (VKT). Cette mesure reflète le niveau de sécurité en fonction du nombre de déplacements effectués. Elle peut être utilisée pour comparer différents modes de transport (par exemple, la voiture, le bus ou le train), différents types de routes (par exemple, les routes à chaussée unique par rapport à celles à chaussée séparée) ou d'infrastructures (par exemple, les ronds-points par rapport aux feux de signalisation). Cela nécessite une bonne connaissance des volumes de trafic et des distances parcourues, et ces informations sont souvent difficiles à collecter.
- Nombre d'accidents par 10 000 véhicules immatriculés. Cette mesure est souvent utilisée comme indicateur de la quantité de déplacements, car elle est beaucoup plus facile à collecter que les kilomètres parcourus. Elle peut être utile pour analyser les performances au niveau national, mais son applicabilité est limitée pour une analyse plus détaillée.
Les données relatives aux accidents peuvent également être combinées avec les données d'inventaire routier. À un niveau simple, cela peut fournir des informations sur les caractéristiques actuelles des routes qui peuvent être présentes, fournissant des informations sur les améliorations possibles de la sécurité des infrastructures. Par exemple, les données relatives aux accidents de la route pourraient être présentées avec des informations sur l'emplacement actuel des barrières de sécurité sur une carte afin de permettre une analyse visuelle rapide des endroits qui pourraient bénéficier de l'installation de barrières supplémentaires.
La combinaison des données sur les accidents avec celles sur les routes, les actifs, l'environnement et le volume de trafic peut conduire à des résultats importants concernant la performance de sécurité des infrastructures. Il est possible de comparer la performance de sécurité de différents types d'infrastructures pour différents volumes de trafic. Par exemple, les performances des routes à chaussées séparées et non séparées peuvent être comparées selon les différents volumes de trafic. En outre, les performances en matière d'accidents sur différentes infrastructures peuvent être comparées à différents niveaux de volume de trafic, pour différents types d'usagers de la route ou pour différents types d'environnement (par exemple, environnements à basse vitesse par rapport à ceux à haute vitesse). L'Encadré 5.9 fournit des informations sur le Système d'information sur la sécurité routière aux États-Unis (US Highway Safety Information System).
ENCADRÉ 5.9 : SYSTÈME D'INFORMATION SUR LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE AUX ÉTATS-UNIS
Le Système d’Information sur la Sécurité Routière (Highway Safety Information System, HSIS) des États-Unis est géré sous contrat avec l’Administration Fédérale des Autoroutes (Federal Highway Administration, FHWA). Le HSIS contient des informations sur les accidents (type de collision, gravité, informations sur le véhicule, sexe et âge des occupants, objets heurtés et conditions météorologiques), l'inventaire (type et fonction de la route, section transversale, nombre de voies, largeur des voies et du terre-plein central, largeur et type d'accotement) et des données sur le volume de trafic de plusieurs États. Certains d'entre eux fournissent également des informations sur les variables de virage/pente et d'intersection. La combinaison de ces différentes sources de données permet de réaliser des analyses approfondies sur des questions spécifiques de sécurité routière.
Un grand nombre d'études ont été menées à partir de cette source d'informations très riche. Elles ont donné lieu à la production de divers rapports de recherche, résumés et outils. Parmi les exemples récents, il convient de citer une étude sur les effets des virages et des pentes horizontales sur la sécurité des routes rurales à deux voies ; une évaluation de la sécurité des combinaisons de largeur de chaussée et d'accotement ; une évaluation des avantages des bandes rugueuses transversales sur la sécurité des abords des intersections à feux de signalisation dans les zones rurales ; et une étude des avantages des « régimes routiers » (conversion des routes à quatre voies en routes à deux voies, plus une voie centrale de virage à double sens) sur la sécurité.
Les récentes initiatives en matière d'intégration ont consisté à combiner les données sur les accidents et les données d'évaluation des risques routiers. Cela constitue un outil très puissant pour identifier les endroits dangereux et les solutions possibles. Vous trouverez de plus informations sur la combinaison de ces données dans la Section 10.5 - Combiner les données sur les accidents et les données routières, et le Chapitre 11 - Sélection et priorisation des interventions.
L'étude de cas du Danemark montre comment les données peuvent être intégrées pour créer une image plus précise des facteurs contributifs aux accidents.
ÉTUDE DE CAS - Danemark : Commission danoise d'enquête sur la sécurité routière et les accidents
Au Danemark, la sécurité routière est considérée comme une responsabilité partagée. L'Agence danoise d'enquête sur les accidents de la route (Danish Road Traffic Accident Investigation Board, AIB) est l'un des acteurs importants dans les efforts continus visant à prévenir les accidents de la route et à minimiser leurs conséquences. L'objectif principal de l'AIB est de produire de nouvelles connaissances et de formuler des recommandations pour les actions proposées devant être mises en œuvre. L'AIB est composée d'un groupe multidisciplinaire qui effectue des analyses approfondies des types d'accidents fréquents et graves afin de dresser un tableau plus précis des facteurs contribuant aux accidents et aux problèmes récurrents. Pour en savoir plus