5.3 ÉTABLISSEMENT ET MAINTENANCE DES SYSTÈMES DE DONNÉES SUR LES ACCIDENTS

Cette section fournit des conseils sur la mise en place et la maintenance des systèmes de données sur les accidents. Les sections suivantes présentent des informations sur la collecte et l'utilisation d'autres sources de données. Des informations complètes sur la mise en place et la maintenance des systèmes de données sur les accidents sont disponibles dans l'OMS (2010). Voici un résumé des points clés.

SOURCES DES DONNÉES SUR LES ACCIDENTS

Les pratiques efficaces identifiées montrent qu'aucune base de données sur les blessures causées par des accidents ne peut fournir à elle seule suffisamment d'informations pour donner une image complète du nombre de blessures par accident de la route ou pour comprendre pleinement les mécanismes sous-jacents (IRTAD, 2011). Un certain nombre de pays qui ont amélioré leurs performances en matière de sécurité routière utilisent à la fois les données sur les blessures causées par des accidents recueillies par la police et les données du secteur de la santé.

Les données nationales sur les accidents sont généralement collectées par la police (l'OMS (2023) indique que plus de 70 % des pays utilisent les données de la police comme source principale), et saisies dans des bases de données sur les accidents pour faciliter l'analyse et l'établissement de rapports annuels. Dans certains cas, les données sont collectées auprès des hôpitaux ou de ces deux sources. L'utilisation des données du secteur de la santé pour une classification pertinente des blessures au niveau national est nécessaire pour compléter les données de la police et fournir un moyen optimal de définir les blessures graves. L'IRTAD (2011) recommande que les données de la police restent la principale source de statistiques sur les accidents de la route. Toutefois, elles devraient être complétées par des données issues des hôpitaux afin de garantir leur qualité et d'identifier les niveaux de déclaration insuffisante (voir la Section 5.4 - Données non liées aux accidents et systèmes d'enregistrement). En outre, des données détaillées sont nécessaires pour mener des recherches sur les blessés dus aux accidents afin de tirer des conclusions significatives sur les causes des accidents et des blessés.

LES DONNÉES DE LA POLICE SUR LES ACCIDENTS DE LA ROUTE AU NIVEAU NATIONAL

La police est bien placée pour recueillir des informations sur les accidents, car elle est souvent appelée sur les lieux. Elle peut également recevoir des informations sur l'accident après l'événement. La présence sur le lieu de l'accident permet de recueillir des informations détaillées qui sont utiles pour identifier les causes de l'accident et les solutions possibles.

Un formulaire de rapport d'accident est généralement rempli pour documenter les détails d'un accident. Ces formulaires peuvent être des formulaires papier traditionnels ou des systèmes informatiques tels que :

Les ordinateurs portables : ils peuvent améliorer la lisibilité des rapports d'accidents, réduire les erreurs d'entrée de données et alléger la charge de travail du personnel chargé du traitement des rapports. Cependant, ils peuvent alourdir la charge de travail des policiers sur les lieux de l'accident, où ils devraient assurer la sécurité et minimiser les fermetures de routes. Pour y remédier, il est essentiel d'optimiser les capacités d'interface des ordinateurs portables, afin de permettre aux policiers de remplir efficacement les rapports et de réduire le temps passé à saisir les données sur le lieu de l'accident.

FIGURE 5.2 : FORMULAIRE INFORMATISE DE RAPPORT D'ACCIDENT (SOURCE : SURETE DU QUEBEC)

 

Les ordinateurs à stylet : (ou clipboard computers) permettent de saisir les données à l'ancienne (stylo et formulaire), tandis que leurs fonctions de reconnaissance de caractères ou de motifs convertissent les marques faites sur un tableau à écran électronique en caractères reconnaissables, générant ainsi une base de données électronique en même temps. Des logiciels personnalisés peuvent être développés spécifiquement pour aider à remplir les formulaires de rapport d'accident.

Les ordinateurs de poche : ils sont idéaux pour les tâches simples de collecte de données, à l'aide d'un écran tactile ou d'un petit clavier. Les ordinateurs de poche peuvent être très utiles dans les voitures de police, où ils peuvent être montés sur le tableau de bord, occupant ainsi peu d'espace.

Les systèmes à bande magnétique : ces systèmes fonctionnent en utilisant un champ magnétique pour enregistrer des données sous forme de signaux magnétiques (appelés inversions de flux) sur une bande magnétique, de la même manière que pour les cassettes audios ou vidéo. Lorsqu'elles sont lues par un décodeur, ces signaux sont convertis en lettres et en chiffres. Une bande magnétique peut stocker une quantité décente de données, environ 120 octets.

Les codes à barres : ils se composent d’une série de barres noires et blanches représentant des lettres ou des chiffres, ce qui permet aux agents de scanner et de récupérer rapidement les informations relatives au véhicule et au conducteur, réduisant ainsi les erreurs de transcription. Ces codes-barres se trouvent sur les étiquettes des véhicules, les certificats d'immatriculation et les permis de conduire. Ils peuvent inclure des détails tels que le type de véhicule, les dispositifs de sécurité et même la photo du permis.

Les modems radiofréquence : les modems peuvent être utilisés pour relayer la communication de données numériques entre un ordinateur portable et un ordinateur central. Un policier peut récupérer en quelques secondes des données sur un véhicule ou son propriétaire en saisissant simplement les données de la plaque d'immatriculation dans un ordinateur portable ou un terminal transporté dans la voiture de patrouille. Les formulaires de rapport électroniques peuvent être transmis par modem à un centre de données.

Les cartes à puce : sont des cartes électroniques, similaires aux cartes de crédit, qui stockent et transmettent des informations. Les cartes à puce pourraient être utilisées pour stocker toutes les données relatives à l'état et au fonctionnement des véhicules.

Les appareils photo numériques : peuvent produire des photos d'excellente qualité au format numérique, qui peuvent ensuite être copiées dans un ordinateur et facilement jointes à une base de données sur les accidents ou à un formulaire de rapport électronique. Les appareils photo numériques sont des outils pratiques pour un policier chargé d'enquêter.

Sur le lieu d'un accident, la collecte des données n'est pas la seule tâche des policiers, ils doivent également sécuriser le site, s'occuper des blessés et rétablir la circulation. Les systèmes de collecte de données sur place doivent tenir compte des besoins des policiers et des contraintes de travail lors de la mise en œuvre de nouvelles technologies. Les systèmes experts développés pour la collecte de données sur les accidents peuvent alléger la charge de travail des policiers sur place, en plus d'augmenter la précision et la cohérence des données rapportées. Les systèmes experts sont des programmes informatiques qui contiennent des connaissances dans un domaine spécifique. Lors de la collecte des informations nécessaires sur les circonstances d'un accident, un policier doit poser certains jugements tels que : Le conducteur/les passagers portaient-ils vraiment leur ceinture de sécurité comme indiqué ? Quelle est l'étendue des dommages au véhicule ? Comment la gravité de l'accident doit-elle être classée ? Répondre à ces questions et à d'autres prend non seulement un temps précieux sur les lieux de l'accident, mais peut également conduire à des statistiques incohérentes, car les agents peuvent juger les situations différemment. Les systèmes experts peuvent intégrer des règles qui aident les policiers à fournir des réponses plus précises à ces questions. Ces systèmes leur permettent également de collecter à la fois les données requises par l'État et des informations spécifiques particulièrement pertinentes dans un contexte routier donné (par exemple, les conditions routières dans le cas d'un accident impliquant un seul véhicule ou les conditions d'éclairage en cas d'accident nocturne).

Les principales variables généralement collectées sont les suivantes :

  • Lieu de l'accident (y compris les coordonnées géographiques).
  • Heure, jour, mois, année.
  • Informations sur les personnes impliquées (y compris le type d'usager de la route, l'âge, le sexe, les blessures subies).
  • Détails concernant la route (intersection, limite de vitesse, courbure, contrôle de la circulation, marquages).
  • Détails sur l'environnement (conditions d'éclairage, météo, surface de la route humide ou sèche).
  • Informations concernant ce qui s'est passé dans l'accident (types de mouvements des véhicules et objets heurtés, y compris hors route, et facteurs contributifs tels que la vitesse, la consommation d'alcool ou la distraction du conducteur).
  • Facteurs liés au véhicule (types de véhicules impliqués).

Des exemples de formulaires de rapport d'accident, y compris les types de détails qui devraient être recueillis au minimum, peuvent être trouvés dans l'OMS (2010). Les conseils fournis dans le document de l'OMS sont basés sur l'Ensemble européen de données communes sur les accidents (CADaS, European Common Accident Dataset). De même, la Guide pour la Conduite de Revues de Données sur la Sécurité Routière de la Banque Mondiale (Martensen et al., 2021) fait référence à un ensemble de 28 caractéristiques d'accidents de la route dérivées du CADaS. En outre, un certain nombre de pays ont élaboré leurs propres critères minimums. Par exemple, les États-Unis ont un Modèle Uniforme de Critères Minimum sur les Accidents (Model Minimum Uniform Crash Criteria) (NHTSA, 2025).

Un équilibre doit être trouvé entre le recueil des données requises, et le temps passé à accomplir cette tâche. Si la charge est trop lourde pour la police, il est peu probable que le formulaire d’accident soit rempli. La police est une partie prenante cruciale pour l’établissement, la mise à jour et l’utilisation des données sur les accidents, et devrait être incluse dans chaque étape du processus.

D'autres technologies modernes peuvent aider à collecter des données en cas d'accident :

Enregistreur de données d'accident

Lors des enquêtes sur les accidents, l'absence de preuves traditionnelles telles que les traces de dérapage peut compliquer le processus de détermination des actions entreprises par le conducteur avant l'accident. Cependant, les véhicules modernes équipés de systèmes de freinage antiblocage (ABS) peuvent empêcher l'apparition de traces de dérapage visibles sur la chaussée. Par conséquent, les enquêteurs peuvent manquer d'indices visuels essentiels. Pour surmonter cette difficulté, les enregistreurs de données d'événements de la route (ADR) ou « boîtes noires » sont de plus en plus utilisés dans les véhicules, tout comme les boîtes noires dans les avions. Ces dispositifs enregistrent et stockent des données cruciales sur le comportement du véhicule juste avant et pendant un accident. Les données enregistrées peuvent inclure :

  • Accélération transversale et longitudinale : mesure les changements de vitesse du véhicule sur différents axes, ce qui peut aider à comprendre le mouvement et les forces du véhicule lors l'accident.
  • Vitesse : donne la vitesse exacte au moment de l'accident ou juste avant.
  • Rotation du véhicule : capture le moment angulaire du véhicule, indiquant si et comment le véhicule a dérapé ou roulé.
  • Dérapage : détecte si le véhicule a dérapé, ce qui pourrait indiquer une perte de traction ou de contrôle.
  • Activation de l'allumage, des feux, des clignotants et des freins : surveille si les systèmes essentiels du véhicule étaient activés ou désactivés au moment de l'accident.

La détection de l'accident est entièrement automatique et les données sont enregistrées avec précision de 30 secondes avant jusqu'à 15 secondes après l'accident. L'appareil peut être installé dans n'importe quel type de véhicule et est capable de stocker les données de plusieurs accidents.

 

FIGURE 5.3 : EXEMPLE D'ENREGISTREMENT AUTOMATIQUE DE DONNÉES

 

Mesure photogrammétrique

Il s'agit de prendre une série standard d'images de l'extérieur et de l'intérieur du véhicule avec des appareils photo de petit format spécialement adaptés. Les images sont ensuite utilisées pour créer des images tridimensionnelles. Le travail sur le terrain est effectué en quelques minutes. L'évaluation est effectuée séparément à l'aide des données recueillies et fait appel à des experts si nécessaire. Cet appareil peut être utilisé pour déterminer l'efficacité des dispositifs de retenue.

DONNÉES DES HÔPITAUX

Les données des hôpitaux sont utilisées pour identifier les niveaux de sous-déclaration ou pour obtenir une meilleure information sur les blessures, en particulier lorsque les données des rapports de police ne sont pas disponibles ou adéquates. L’IRTAD (2011) suggère que les données des hôpitaux devraient être recueillies précisément en raison de la sous-déclaration des accidents de la circulation, et qu’elles sont la seconde meilleure source d’information sur les statistiques d’accidents.

Encouragées par l’OMS et d’autres institutions, les autorités médicales ont établi des systèmes internationaux d’enregistrement qui incluent les blessures par accident de la route. Les systèmes de codage Classification Internationale des Maladies et des Problèmes de Santé Associés (International Classification of Diseases and Related Health Problems, ICD) et la Liste Type des Blessures (Abbreviated Injury Scale, AIS) en particulier sont largement utilisés. L’IRTAD (2011) recommande le développement d’une définition acceptée au niveau international des « blessures graves », et l’utilisation de la Liste Type Maximale des Blessures (MAIS) comme base pour la définition de la gravité des blessures dues à des accidents de la route. Cette échelle se fonde sur la gravité maximale des blessures à n’importe laquelle de neuf parties du corps humain ; une note de 3 points ou plus pour une ou plusieurs régions du corps (MAIS3+) est recommandée comme définissant à partir de quand une blessure est considérée comme grave.

Un exemple d'utilisation de l'analyse SIG et des données hospitalières de Thaïlande est fourni ci-dessous.

ÉTUDE DE CAS - Thaïlande : Province de Khon Kaen : Analyse spatiale SIG des données hospitalières

Bien que des informations sur les accidents de la route aient existé à partir d'autres sources, elles n'étaient pas suffisantes pour gérer correctement la sécurité dans la province de Khon Kaen, en Thaïlande. Une autre source d'information existait à partir des données hospitalières, mais celles-ci ne fournissaient pas d'informations sur les lieux des accidents. L'hôpital régional de Khon Kaen, dans le nord-est de la Thaïlande, dispose de son propre registre des traumatismes depuis 1989 et a ajouté des informations supplémentaires sur les accidents de la route grâce à un formulaire de « rapport d'accident » et a également développé une analyse SIG. Ces informations ont permis une analyse détaillée des données sur les accidents, y compris l'identification des endroits à haut risque. Un certain nombre d'études détaillées sur des questions spécifiques de sécurité routière ont été entreprises ces dernières années sur la base de cette riche source d'informations. En savoir plus

L'étude de cas de l'Égypte, qui démontre l'intégration de données provenant de différentes sources, ainsi que l'utilisation de ces données par diverses parties prenantes clés, fournit un autre exemple.

ÉTUDE DE CAS - Égypte : projet de jumelage de l'UE sur le renforcement de la sécurité routière

Le besoin d'un système centralisé et précis de données sur les accidents s'est fait sentir en Égypte. Le Système National de Gestion des Accidents est destiné à être construit comme un nouveau système à la fois pour enquêter et analyser les données sur les accidents de la route et il est conçu comme un « espace » partagé pour toutes les parties intervenant dans différents types d'accidents de la route, tels que les services de secours médical, les forces de police, les pompiers, le personnel hospitalier et l'administration des routes. Le principal résultat a été de réduire avec succès la sous-déclaration et d'établir une coopération étroite entre les principales parties prenantes et un système d'information détaillé pour les enquêtes sur les accidents. En savoir plus

LES SYSTÈMES D’ENREGISTREMENT

Les données d’état civil peuvent être une source d’information sur les décédés par accident de la route. Cette information provient des certificats de décès remplis par les médecins et précise les causes du décès. L’OMS (2010) signale qu’environ 40% de ses pays membres collectent des données d’état civil pour le suivi des décédés dus à des accidents de la circulation. L’OMS et d’autres organisations ont institué un système international d’enregistrement qui inclut les blessés des accidents de la route.

AUTRES SOURCES DE DONNÉES SUR LES ACCIDENTS

D’autres sources de données sur les accidents peuvent provenir des services d’urgences, des services de dépannage, des compagnies d’assurances, de membres du public, etc. Cependant, il est important de reconnaître que la qualité et l’étendue de ces informations peuvent être limitées, par rapport aux données rapportées par la police et les hôpitaux.

ÉTABLISSEMENT OU AMÉLIORATION DES BASES DE DONNÉES SUR LES ACCIDENTS

Avant de mettre en place un nouveau système de base de données sur les accidents (ou d'améliorer un système existant), il est recommandé de procéder à une évaluation de la situation (WHO, 2010 et Martensen et al., 2021). Cela implique :

  • Une analyse des parties prenantes.
  • Une évaluation de la qualité des sources de données et des systèmes existants.
  • Une évaluation des besoins des utilisateurs finaux.
  • Une analyse environnementale.

Ces mêmes étapes sont également nécessaires pour établir ou améliorer la collecte de données non liées aux accidents (voir la Section 5.4 - Données non liées aux accidents et systèmes d'enregistrement).

L'analyse des parties prenantes consiste à identifier les organisations et les personnes qui ont (ou devraient avoir) un rôle à jouer dans la collecte et l'utilisation des données de sécurité routière. Les principales parties prenantes comprennent la police, les agences de transport et les services de santé, mais il y en a probablement beaucoup d'autres.

Une évaluation des sources de données est nécessaire pour déterminer quelles informations sont déjà collectées et la qualité des données. C'est souvent un problème important dans de nombreux pays.

Une évaluation des utilisateurs finaux consiste à comprendre qui sont les principaux usagers et comment ils utilisent les informations. Ces connaissances permettront d'accroître l'utilité des données.

Une analyse environnementale implique la compréhension de l'environnement politique et des partenariats essentiels nécessaires pour la collecte, l'analyse et l'utilisation fructueuses des données. Sans cette compréhension et une collaboration appropriée, il est probable que la collecte et l'utilisation des données d'accidents soient sérieusement entravées. Il existe de nombreux exemples où d'onéreux systèmes de données d'accidents ont été mis en place, mais où la saisie des données n'a pas été effectuée, en raison d'une communication inadéquate et d'une coopération insuffisante.

À la suite de cette évaluation de la situation, le processus recommandé pour établir un système de base de données sur les accidents est le suivant :

  • Établir un groupe de travail (généralement issu de l'analyse des parties prenantes).
  • Choisir un plan d'action.
  • Recommander des éléments et des définitions minimums de données.
  • Concevoir et mettre en œuvre le système (ou améliorer le système existant) (WHO, 2010).

Le lieu de l'accident est un élément essentiel dans la collecte et l'analyse des données, en particulier pour les ingénieurs routiers. Sans cette information, il est impossible de déterminer les emplacements à traiter dans le futur. En outre, si le lieu de l'accident est connu (grâce aux rapports de police ou à d'autres sources de données), il est possible d'associer ces données d'accidents avec celles sur les infrastructures ou d'autres sources (voir la Section 5.6 - Analyse et utilisation des données pour améliorer la sécurité). Cette information peut être utile pour identifier d'autres éléments routiers qui peuvent avoir contribué au risque d'accident.

Plusieurs méthodes permettent de déterminer avec précision le lieu d'un accident, notamment l'utilisation de GPS, la référence à un point de repère local (par exemple un système lien-nœud) ou la référence à une borne kilométrique (un système de référence linéaire).

Historiquement, les données sur les accidents étaient conservées dans des systèmes de classement de documents papier. Aujourd’hui, elles sont stockées dans des bases de données informatisées et sont utilisés pour stocker les informations sur les accidents. Cela permet une analyse relativement facile et est particulièrement utile pour identifier les tendances, les zones et lieux à haut risque, les principaux types d’accident, etc. Il existe un certain nombre de logiciels disponibles pour cette tâche. Au minimum un tel logiciel doit être capable de :

  • Produire des synthèses rapides sur les principales variables des accidents (par exemple, nombre total d’accidents ; accidents par type de gravité ; accidents par différents groupes d’usagers tels que les piétons ; tendances au fil du temps),
  • Permettre les tableaux croisés (c’est-à-dire l’analyse de deux ou plusieurs variables en même temps, comme par exemple l’évolution au fil du temps des accidents mortels impliquant des piétons),
  • Identifier les endroits dangereux (par exemple, les lieux ou routes avec des concentrations élevées d’accidents, ou d’accidents d’un type particulier).

Les systèmes de données sur les accidents de la route ont beaucoup évolué ces dernières années, avec de nouvelles fonctions permettant une analyse plus rapide et plus utile. L’OMS (2010) et Turner et Hore-Lacy (2010) fournissent une liste d’autres fonctions désirables pour un système de données sur les accidents de la route, dont :

  • Contrôles de qualité intégrés (algorithmes et vérifications logiques).
  • Liens SIG pour permettre l'identification précise du lieu d'un accident.
  • Possibilité d'ajouter de nouveaux champs de données sans avoir à redévelopper toute la base de données.
  • Fonctions de navigation dans la base de données telles que des menus déroulants ou des cartes cliquables.
  • Recherches et rapports prédéfinis.
  • Options permettant de personnaliser les recherches et les rapports définis par l'utilisateur.
  • Possibilité de cartographier la saisie des données, la sélection des accidents et la présentation des informations agrégées sur les accidents.
  • Capacité d'exporter des données vers des applications tierces (par exemple Microsoft Excel, Statistical Analysis Software - SAS) pour une analyse statistique ultérieure.
  • Inclusion de la description de l'accident, des schémas de la scène de l'accident, des photographies et des vidéos liées à l'accident.
  • Diagrammes de collision générés automatiquement.
  • Classement des sites en fonction des taux, des chiffres et des coûts des accidents.
  • Capacité de surveiller les sites d'intérêt, c'est-à-dire avant et après les traitements.

L'étude de cas ci-dessous, concernant le Cambodge, fournit un exemple de mise en œuvre réussie d'un système de données sur les accidents.

ÉTUDE DE CAS - Cambodge, Victime des accidents de la route et système d'information

Le système de base de données cambodgien était inadéquat pour gérer efficacement les résultats en matière de sécurité routière. Depuis 2002, trois ministères différents ont participé à la collecte de données sur les accidents de la route au Cambodge (le ministère des travaux publics et des transports ; le ministère de l'intérieur, Mol ; et le ministère de la santé, MoH). Bien que ces bases de données fournissent des informations importantes sur la sécurité routière, des améliorations étaient nécessaires car les bases de données n'étaient pas compatibles et présentaient des divergences considérables. Handicap International Belgique et la Croix-Rouge cambodgienne ont proposé un nouveau système, basé sur un formulaire de collecte de données standardisé et plus détaillé. Le nouveau système fournit des informations précises, continues et complètes sur les accidents de la route et les victimes afin de mieux comprendre la situation en matière de sécurité routière, de planifier des réponses appropriées et d'évaluer l'impact des initiatives de sécurité routière. La combinaison des deux sources de données a permis au système d'inclure davantage d'éléments sur les informations détaillées relatives aux accidents (fournies par la police) et aux victimes (fournies par les hôpitaux). Cela a entraîné une augmentation du nombre de rapports. Pour en savoir plus

Le système suédois Strada est une base de données unique qui intègre les données de la police et des hôpitaux. Il est important de reconnaître que, bien que cette mise en relation fournisse des informations supplémentaires très utiles, elle entraîne des coûts supplémentaires. Vous trouverez plus de détails dans l'étude de cas suédoise.

ÉTUDE DE CAS - Suède : Acquisition suédoise de données sur les accidents de la route (STRADA)

En octobre 1996, l'administration suédoise des routes a été chargée par le gouvernement suédois d'instaurer un nouveau système d'information sur l'ensemble des blessurés et des accidents de la route. Strada s'appuie sur des informations provenant de deux sources : la police suédoise et les hôpitaux. En rassemblant les données de ces deux sources, Strada fournit des informations plus détaillées, ce qui permet de mieux connaître les blessures et les accidents de la route. Pour en savoir plus

Certains pays ont entrepris des études approfondies sur les accidents graves, afin de mieux comprendre les facteurs de causalité des accidents et de déterminer les solutions possibles. Ces études portent, généralement, sur un échantillon d’accidents graves. Par exemple, au Royaume-Uni, le projet « On the Spot » a recueilli des informations détaillées et de bonne qualité sur les accidents dans deux régions. Pour chaque accident, plus de 2 000 variables ont été collectées pour chaque incident à partir d’une recherche sur le lieu de l’accident peu après celui-ci, et des communications de suivi avec les services médicaux et les autorités locales. L’information a été analysée pour fournir des indications sur l’implication humaine, de la conception des véhicules, et celle des autoroutes dans la causalité des accidents et des blessés. Mansfield et al. (2008) fournissent une analyse initiale d’environ 2 000 accidents issus de ce projet. Une telle recherche peut fournir beaucoup plus de détails que ce qui est normalement disponible à partir d’un rapport d’accident, avec un degré plus élevé de fiabilité.

On trouve des exemples similaires dans de nombreux autres pays, notamment aux États-Unis, en Allemagne, en France, en Malaisie, en Inde et en Australie. Certains de ces programmes sont en place depuis de nombreuses années, et ont apporté une grande quantité d’information précieuse. L’un des principaux résultats du projet européen DaCoTa (qui a collecté et analysé des données de pays européens sur divers aspects de la sécurité routière) a été la publication des recommandations sur la collecte de ces données, ainsi que l’uniformisation des procédures (Thomas et al, 2013). Un réseau paneuropéen de recherche approfondie sur les accidents a été établi, et des outils tels qu’un manuel en ligne sur la recherche approfondie sur les accidents de la route ont été développés

Les États-Unis ont créé le Deuxième Programme Stratégique de Recherche sur les Routes, SHRP2 (Strategic Highway Research Program), qui comporte peut-être la base de données la plus exhaustive sur les facteurs qui interviennent avant et pendant les accidents, et sur les quasi-accidents. Ces informations comprennent des données de la base NDS (Naturalistic Driving Study, Étude sur la conduite en situation réelle). Cet ensemble de données comprend des informations provenant de plus de 2 300 conducteurs, collectées grâce à des équipements installés dans leurs propres véhicules et lors de la conduite normale. L’énorme quantité de données collectées par le NDS est complétée par la base de données routières (RID, Roadway Information Database). Celle-ci comprend des informations complètes sur les éléments routiers dans les zones d’étude ainsi que d’autres données pertinentes (y compris des données sur les accidents). Cette base de données d’importance Mondiale devrait fournir la base de recherche pour les études sur les performances et le comportement des conducteurs.

UDRIVE est la première étude européenne à grande échelle sur la conduite naturaliste utilisant des voitures, des camions et des deux-roues motorisés. L'acronyme signifie en français : Conduite naturaliste européenne pour la sécurité des infrastructures, des véhicules et l'environnement (European naturalistic Driving and Riding for Infrastructure & Vehicle safety and Environment). Si le transport routier est nécessaire pour les échanges de biens et de personnes, il entraîne des conséquences négatives importantes sur la sécurité routière et sur l'environnement. Pour atteindre les objectifs de l'UE, il faudra réduire les accidents et les émissions des véhicules, et développer de nouvelles approches pour atteindre ces objectifs. L'UDRIVE a pour but d'améliorer la compréhension du comportement des usagers de la route qui conduit aux accidents et au gaspillage des émissions des véhicules.

PARTAGE DES DONNÉES

Partager les données provenant de différentes sources est indispensable pour une collecte, une analyse et une intégration exhaustives. Le partage des données, en particulier entre la police et les autorités routières, est essentiel pour une bonne gestion de la sécurité routière.

Cependant, il est important de noter que certaines organisations peuvent être réticentes à partager certaines données, en particulier les identifiants personnels, en raison des problèmes que cela pose quant à la vie privée et à l'anonymat des personnes concernées. Une solution est de recueillir les données personnelles (par exemple, le nom et l'adresse) sur une page séparée du rapport d'accident. Cette page peut ensuite être enlevée avant d'envoyer les autres pages aux agences partenaires. Dans certains cas, il peut être nécessaire d'élaborer une politique de confidentialité appropriée pour garantir le respect de la vie privée ou de supprimer certaines variables pour empêcher l'identification des personnes.

Les données sur les accidents sont en elles-mêmes une précieuse source d’information sur le risque d’accident, et cette valeur peut augmenter de manière significative si elles sont combinées avec d’autres données.

Les données sur les accidents sont très précieuses pour diverses parties prenantes :

  • Ingénieurs du trafic : ils peuvent utiliser ces données pour identifier et gérer les conditions dangereuses sur les routes existantes et prévenir des situations similaires lors de la conception de nouvelles routes.
  • Forces de police : les données sur les accidents aident la police à planifier ses activités et à se concentrer sur les lieux et les situations routières à haut risque.
  • Chercheurs : ils utilisent ces informations pour mener des études sur la prévention des accidents, formuler des recommandations pour améliorer la sécurité sur des lieux similaires et proposer des mesures restrictives spécifiques aux usagers de la route (telles que le permis de conduire progressif pour les jeunes conducteurs).
  • Législateurs : ils s'appuient sur ces données pour fixer des objectifs de réduction des accidents et élaborer des plans d'action pour la sécurité routière au niveau national, régional et local, en se basant sur les résultats des analyses de sécurité.
  • Procureurs : ils utilisent les informations relatives aux accidents, notamment les déclarations des témoins oculaires, les rapports de police et les preuves fournies par les parties impliquées.
  • Compagnies d'assurance : ces données aident les assureurs à déterminer les primes et les tarifs en fonction de facteurs tels que les antécédents de conduite, le type de véhicule, les mesures de sécurité et les risques posés par des réseaux routiers spécifiques.
  • Fabricants de véhicules : ils utilisent les données relatives aux accidents pour concevoir et produire des véhicules plus sûrs.

D'autres groupes d'usagers, tant au niveau national que local, utilisent occasionnellement ou fréquemment les données sur les accidents. Il s'agit des responsables politiques, des décideurs, des agences civiles, des conseils de l'éducation et de la presse. Ces groupes jouent un rôle clé en informant le public sur la sécurité routière et en soulignant la nécessité de mesures préventives.

La section suivante traite de certaines des autres sources de données, tandis que la Section 5.6 - Analyse et utilisation des données pour améliorer la sécurité traite de la combinaison de ces sources.