2.4 L'IMPORTANCE DE LA DIRECTION GOUVERNEMENTALE
Pour obtenir des résultats en matière de sécurité routière, il faut que les gouvernements s'approprient la question à long terme et fassent preuve de détermination et de volonté politique, ce qui peut se traduire par des objectifs ambitieux à long terme, des objectifs progressifs pour les projets et les programmes, et des ressources humaines et financières suffisantes pour les atteindre.
La direction des pouvoirs publics et les objectifs de performance, les outils et les incitations correspondants sont nécessaires pour saisir les « co-bénéfices » externes découlant de l'amélioration de la sécurité routière (décrits au Chapitre 1 - Ampleur du problème de la sécurité routière).
Une direction attentive et une gouvernance efficace sont essentielles pour garantir que des intérêts divergents n'obscurcissent pas cette responsabilité partagée (Bliss & Breen, 2009; SSATP, 2014).
L'Encadré 2.9 présente un exemple de la France, de la manière dont une volonté politique au plus haut niveau de l'État et des investissements ciblés peuvent rapidement conduire à une amélioration des résultats en matière de sécurité routière.
ENCADRÉ 2.9 : LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE, UNE PRIORITÉ PRÉSIDENTIELLE EN FRANCE, 2002
Le président Jacques Chirac, dans son discours de la Bastille en 2002, a désigné la sécurité routière comme l'une des trois priorités nationales de sa présidence et a lancé un nouveau plan d'action pour la sécurité routière soutenu par une direction et une coordination de haut niveau en France. Le plan adopté en décembre 2002 ciblait des comportements clés en matière de sécurité, tels que la vitesse excessive. Il prévoit un plan d'investissement de 400 millions d'euros sur trois ans pour l'achat, dans un premier temps, de 1 000 radars automatiques, d'un grand nombre de véhicules et d'éthylotests modernes (alcootests). De nouveaux centres de traitement automatique ont été créés pour les infractions liées à la vitesse, qui sont passées de 1,6 million en 2003 à 4,8 millions en 2004. Au cours de la première année de mise en œuvre, les taux d'accidents ont diminué de 17,5 % ; les blessures graves, de 19 % ; et le nombre de décès, de 21 % par rapport à l'année précédente. En trois ans, le nombre de décès est passé de 7 242 (2002) à 4 900 (2005).
Source: ONISR, 2004; FIA Foundation, 2006
La gestion de la sécurité routière exige une direction institutionnelle, une coopération et une capacité de mise en œuvre au sein des organismes gouvernementaux, ainsi qu'avec leurs partenaires de l'industrie, du secteur commercial et de la société civile sur une période prolongée. La direction et la capacité en matière de sécurité routière au niveau juridictionnel ne peuvent être externalisées, car les questions en jeu sont au cœur du processus décisionnel gouvernemental. Une direction attentive et une gouvernance efficace sont essentielles pour garantir que des intérêts concurrents n'obscurcissent pas cette responsabilité partagée (Bliss & Breen, 2009; SSATP, 2014).
Le Rapport mondial sur la prévention des traumatismes dus aux accidents de la circulation (Peden et al., 2004) souligne le rôle fondamental de l'organisme responsable de la sécurité routière. Il recommande en priorité aux pays de mettre en place des dispositifs de direction et d'orientation fondés sur des pratiques réussies. L'expérience a démontré la nécessité pour l'agence d'être un organe gouvernemental et d'être publiquement responsable de ses performances. Sans cette direction pour organiser les actions de toutes les organismes et parties prenantes, l'expérience montre que même les meilleures stratégies et les meilleurs plans ne seront pas mis en œuvre.
ENCADRÉ 2.10 : RECOMMANDATIONS POUR LES ORGANISMES RESPONSABLES DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE
- L'organisme a l'autorité et la responsabilité de prendre des décisions, de contrôler les ressources et de coordonner les efforts de tous les secteurs du gouvernement (santé, transport, éducation et police).
- Elle doit disposer de moyens financiers adéquats à utiliser pour la sécurité routière et doit être publiquement responsable de ses actions.
- Doit s'efforcer d'impliquer tous les groupes importants concernés par la sécurité routière.
- La sensibilisation, la communication et la collaboration sont essentielles pour mettre en place et soutenir les efforts nationaux en matière de sécurité routière.
- Les efforts nationaux seront stimulés si un ou plusieurs dirigeants politiques bien connus peuvent défendre activement la cause de la sécurité routière.
Source: Peden et al., (2004)
LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE EXIGE UNE RÉPONSE PLANIFIÉE
Une gestion réussie de la sécurité routière est un processus systématique. Ce processus a été défini et les pratiques efficaces ont été traduites en modèles de systèmes de gestion fonctionnels pour les juridictions et les organisations afin de fournir des outils permettant d'atteindre les objectifs de la Décennie (Bliss & Breen, 2009, 2013; ITF, 2008; ISO, 2012). Comme l'illustre la Figure 2.3, les fonctions clés de gestion institutionnelle produisent des interventions efficaces à l'échelle du système, conçues pour produire des résultats en matière de sécurité routière à court et à long terme. Voir le Chapitre 3 - Système de gestion de la sécurité pour une discussion plus approfondie sur les cadres nationaux et organisationnels de gestion de la sécurité routière.
